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« On est à l’aube d’un nouvel âge d’or de l'audio »

À l’occasion de la journée mondiale du Podcast le 30 septembre, Romain Mallet, concepteur-rédacteur et fondateur du studio créatif ORSON productions fait le point sur le retour en force de l’audio…

Le podcast ou l’audio d’une manière générale est-il le territoire de création le plus intéressant actuellement ?

Romain Mallet : Le plus intéressant, je ne sais pas. Dernièrement, il se passe des choses passionnantes du côté de l’animation par exemple… Ce qui est certain en revanche, c’est que le terrain de jeu qu’offre le son est immense et en grande partie encore en friche. On est probablement à l’aube d'un nouvel âge d’or de l’audio. De plus en plus de studios de production créent, innovent, testent la fiction radio. Aux Etats-Unis, QCODE a déjà mis la barre très haut en termes d’écriture créative et de réalisation de podcasts de fiction par exemple. En France aussi, les productions sont de plus en plus exigeantes. Chez ORSON nous venons de publier le premier audiofilm français, un long format de 98 minutes

Comment  l’intelligence artificielle vient-elle bousculer le marché du podcast ?

R. M. : Je sais que certains studios misent sur l’IA, notamment pour rendre le podcast interactif. Mais pour l’instant, ça ne fonctionne pas encore… J’avoue que je reste circonspect sur l’apport de l’IA dans la création de récit sonore. Je trouve que c’est très bien pour écrire des choses "pas intéressantes", du mailing par exemple ; beaucoup moins bien quand on cherche à être drôle ou créatif. Pour l'heure, l’intelligence artificielle dans mon secteur reste une béquille. Très pratique donc, mais seulement une béquille. 

Pour moi, le véritable impact de l’IA dans l’audio réside dans la synthèse des voix. Quand on entend ce qu’il est déjà possible de faire - comme le faux duo Drake et The Weeknd - les possibilités créatives semblent infinies ! Pour un podcast on pourrait par exemple faire dialoguer Marlon Brando et Sylvester Stallone. Les comédiens ont absolument raison d’avoir peur de l’IA.

Comment les marques peuvent s’emparer des podcasts fiction ?

R. M. : De la même façon que le placement de produit peut aider à ancrer un récit dans la réalité, être présent dans une fiction peut avoir évidemment du sens pour une marque : ça crée de la présence à l’esprit dans un cadre qui n’est pas celui de la publicité. Tout dépend de la manière dont c’est fait. L’enjeu réside surtout dans la réalisation. Une marque japonaise a récemment créé une fiction sonore sur le mode d’une enquête à travers l’Europe, afin de mettre en avant les qualités de leur voiture. L’idée de départ était bonne, malheureusement l’écriture et la réalisation n’étaient pas du tout au niveau. S’il existe un exemple à suivre pour les marques qui sont prêtes à mettre un pied dans la fiction, je citerai sans hésitation ce qui est pour moi la meilleure pub : le film Seul Au Monde, avec Tom Hanks. Vous vous souvenez des cartons de livraisons de FedEx ?